À quelques semaines de la rentrée scolaire, le spectre d’un nouveau bris de service dans le transport scolaire plane sur plusieurs centres de services scolaires en Estrie. En cause : un manque de financement adéquat pour soutenir l’électrification des autobus scolaires, une transition imposée par le gouvernement en 2021.
Plus de 40 circuits desservis par le Centre de services scolaire de Sherbrooke et plus d’une dizaine dans les Sommets et les Hauts-Cantons pourraient être touchés si rien ne change d’ici septembre, selon Pierre Tourville, président d’Autobus B. Dion.
Trois transporteurs sur quatre prêts à immobiliser leurs véhicules électriques
La Fédération des transporteurs scolaires, réunie en congrès au cours du week-end, a consulté ses membres. Résultat: 75% d’entre eux ont indiqué qu’ils étaient prêts à stationner leurs autobus électriques si le gouvernement ne bonifie pas les mesures de soutien financier.
«Ce sont des véhicules coûteux à l’achat, plus longs à réparer et plus chers à exploiter au quotidien. Il n’y a aucune économie à faire dans les conditions actuelles», explique M. Tourville.
Il souligne notamment trois enjeux majeurs:
- Le prix d’achat élevé des autobus électriques comparé aux thermiques;
- Des délais de réparation prolongés en raison du manque de pièces et d’expertise technique;
- Des coûts d’électricité plus élevés en raison du tarif industriel BR, qui dépasse de loin les tarifs résidentiels.
Depuis 2021, l’achat de véhicules scolaires thermiques neufs est interdit au Québec, forçant les transporteurs à électrifier leur flotte. « Le virage nous a été imposé, mais les compensations ne suivent pas», déplore M. Tourville.
Les subventions, passées de 12000$ à 5000$ par circuit, ne suffisent plus à compenser les écarts de coûts et les risques d’exploitation. «C’est un non-sens économique. On ne peut pas demander aux transporteurs d’absorber des déficits pour réaliser les ambitions écologiques du gouvernement.»
Appel urgent à l’aide
Les transporteurs ont rencontré vendredi dernier le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pour demander une bonification des programmes de soutien. «Nous avons même proposé des solutions qui n’exigent pas de dépasser l’enveloppe budgétaire actuelle. Maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement», affirme M. Tourville.
Au-delà de l’Estrie, c’est l’ensemble du Québec qui pourrait être touché. Plusieurs transporteurs de la province affirment ne pas être en mesure d’investir davantage dans l’électrification sans garanties financières solides. Le cas du manufacturier Lion Électrique, en difficulté plus tôt cette année, a d’ailleurs renforcé la prudence des transporteurs.
«Tant que la situation n’est pas clarifiée et que les risques ne sont pas partagés, il est inconcevable pour nous d’acheter d’autres autobus électriques», conclut Pierre Tourville.