Le 1er juillet, synonyme de déménagement pour des milliers de Québécois, est aussi une période sombre pour les refuges animaliers. À la SPA de l’Estrie, les cages se remplissent à vue d’œil, victimes d’un phénomène tristement récurrent: l’abandon massif d’animaux de compagnie.
«Autour du 1er juillet, on constate toujours un pic d’abandons, en raison notamment du peu de logements abordables qui acceptent les animaux», confirme Dominique Maître, directeur général de la SPA de l’Estrie.
Des raisons économiques et un filet social trop mince
Parmi les raisons invoquées par les propriétaires, la situation économique domine. L’inflation, la pénurie de logements, la hausse des loyers et la rareté de logements permettant les animaux créent un cocktail dévastateur.
Les animaux abandonnés arrivent souvent en mauvais état. Certains souffrent de problèmes de santé ou de comportements complexes, nécessitant des soins spécialisés. Résultat: près de 75000 $ sont dépensés chaque mois uniquement en soins vétérinaires.
Un refuge saturé, des moyens limités
Déjà, la SPA de l’Estrie fonctionne à pleine capacité pour les chiens et s’en approche rapidement pour les chats. Pour répondre à la demande, l’équipe n’a d’autre choix que de faire preuve de créativité: diviser les enclos, utiliser des salles de réunion, même des bureaux, pour accueillir les pensionnaires.
Et pourtant, «même avec un deuxième refuge et un budget doublé, on serait toujours plein», reconnaît Dominique Maître.
Des gestes concrets à poser
Face à l’urgence, la SPA rappelle que l’abandon doit rester un dernier recours. Elle invite les propriétaires en difficulté à solliciter leur entourage ou à faire appel aux réseaux sociaux pour trouver une nouvelle famille à leur animal.
Des conseils sont aussi offerts pour convaincre les propriétaires de logements : présenter un dossier avec des références, des photos de logement sans dégâts, ou même faire rencontrer l’animal à son futur propriétaire.
Un appel au gouvernement
Enfin, pour s’attaquer au problème à la source, la SPA demande une réflexion législative: «Il serait temps que le gouvernement envisage de bannir les clauses interdisant les animaux dans les logements, comme c’est le cas dans certains pays européens ou en Ontario.»
Pour Dominique Maître, cette approche devrait se faire en concertation avec les associations de propriétaires, afin de trouver un équilibre entre les droits des locataires et ceux des propriétaires.