Dans un discours solennel prononcé hier à l’ONU, le président français Emmanuel Macron a reconnu officiellement l’État palestinien, suivant les pas du Canada, du Royaume-Uni, du Portugal et d'autres pays occidentaux. Un geste symbolique fort, mais qui s’inscrit dans un contexte de blocage diplomatique et de tensions persistantes au Proche-Orient.
«Le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite», a déclaré M. Macron, appelant à un retour au dialogue.
Cette reconnaissance marque un tournant : jusque-là, la plupart des pays conditionnaient leur appui à un État palestinien à un processus de paix bilatéral avec Israël. Mais face à l’impasse politique, et surtout au refus explicite du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou d’envisager une solution à deux États, plusieurs gouvernements ont choisi de revoir leur approche.
Le chroniqueur politique Philippe Léger croit que cette décision reflète une volonté croissante des démocraties occidentales de briser l’immobilisme et de faire pression sur Israël et les États-Unis, en espérant raviver un dialogue aujourd’hui à l’arrêt.
«Les pays réalisent qu’aucun processus de paix ne verra le jour si on ne change pas radicalement de posture. Cette reconnaissance n’est pas une fin, c’est un levier politique », explique M. Léger.
Toutefois, cette reconnaissance reste largement symbolique. Aucun des pays concernés n’ignore que la situation à Gaza rend impossible la création immédiate d’un État viable. Le désarmement du Hamas, la libération des otages et l’instauration d’institutions démocratiques sont autant de conditions encore non remplies.
Les réactions varient selon les pays. Au Canada, l’annonce n’a suscité que peu de controverses, malgré une opposition modérée des conservateurs. En France, le débat est beaucoup plus polarisé, sur fond de tensions communautaires et de clivages politiques profonds.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron semble aussi chercher à regagner une stature internationale, alors que sa popularité intérieure est au plus bas.
Trump à l’ONU
Enfin, le discours attendu de Donald Trump aujourd’hui à l’ONU pourrait raviver les tensions. Hostile aux institutions multilatérales, le président américain pourrait dénoncer cette vague de reconnaissances comme une attaque contre l’ordre international traditionnel.
Pour Philippe Léger, la paix reste encore lointaine, mais ce geste marque un tournant dans la posture occidentale face au conflit israélo-palestinien.
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