Le Parti libéral du Québec (PLQ) est à la croisée des chemins. Alors que la formation cherche désespérément à reconquérir le cœur des électeurs francophones, la récente nomination de Martin Coiteux, l’ancien «Monsieur Austérité», à la présidence de sa commission politique soulève de nombreuses questions. Est-ce un pas dans la bonne direction ou un nouvel obstacle pour un parti déjà confiné aux bastions de Montréal et du West Island?
Dans une chronique politique percutante à l'émission Que l'Estrie se lève, Lambert Drainville et l'animateur Jean-Sébastien Hammal décortiquent la stratégie du nouveau chef, Pablo Rodriguez. Le constat est sans appel: malgré les promesses répétées de se rapprocher des régions et des francophones, les sondages restent désespérément stables pour le PLQ.
Martin Coiteux, connu pour ses positions très critiques envers le modèle d'État-providence québécois et son passé fédéraliste, est loin d’être le profil nationaliste qu’on pourrait attendre pour séduire l’électorat majoritaire. Ce choix, combiné au récent revirement sur la Loi 21, le parti proposant désormais d'abroger la clause nonobstant, semble aller à l'encontre de la volonté de séduire les Québécois nationalistes qui sont majoritairement en faveur de la laïcité.
Le nouveau crédo libéral: Économie, économie, économie!
Selon les informations obtenues par Lambert Drainville auprès de ses contacts libéraux, la stratégie est maintenant claire: le PLQ a renoncé à jouer sur le terrain nationaliste. La nouvelle approche s’inspire directement d'une tactique fédérale réussie: se positionner comme le parti de l’économie. Le choix de Martin Coiteux serait donc la première «pointure économique» pour appuyer cette nouvelle orientation.
Mais cette stratégie est-elle suffisante? Jean-Sébastien Hammal souligne que l'économie ne fait pas tout. Pour «toucher la corde sensible» des Québécois, un parti doit aussi montrer qu'il est capable de défendre la langue, les valeurs et la culture du Québec.
L'analyste politique met en lumière la porte ouverte laissée par la CAQ, qui a quelque peu perdu sa carte de l'économie. Toutefois, l'environnement politique est différent de celui qu'a connu le Parti libéral du Canada à la veille de la crise commerciale. Le plan de Pablo Rodriguez manque-t-il de l'étincelle nécessaire pour mobiliser un électorat hors de Montréal?
Le malaise n'est pas seulement externe. En coulisses, l'amertume post-course à la chefferie et le manque de vision claire de M. Rodriguez depuis son arrivée se sont accentués. Le chef, un «gars de Montréal» associé à Justin Trudeau, n'aurait pas encore convaincu la majorité des militants qu’il est le bon choix pour renverser la vapeur.
Écoutez l'extrait audio ci-dessous pour entendre l'analyse complète de Lambert Drainville et découvrir pourquoi la stratégie économique du PLQ pourrait ne pas suffire à panser les blessures identitaires.