La Coalition Avenir Québec (CAQ) relance le débat sur la Constitution du Québec. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a dévoilé l'intention de doter le Québec de sa propre Constitution, qu'il présente comme la «loi des lois», visant à protéger l'identité, renforcer l'autonomie et rassembler les Québécois.
Cette démarche survient alors que la CAQ, au pouvoir depuis sept ans, cherche à marquer un grand coup d'affirmation nationale. L'animateur Jean-Sébastien Hammal et l'analyste politique Lambert Drainville se demandent cependant s'il s'agit d'un geste solennel ou d'une «bouée de sauvetage politique» pour un gouvernement qui connaît des difficultés.
Le projet constitutionnel, inspiré notamment par le rapport Proulx-Rousseau, est censé être un texte solennel rappelant les caractéristiques fondamentales de la nation québécoise: la langue, le droit civil, la devise, le drapeau, et l'organisation du régime parlementaire. Son objectif principal est de créer un nouveau cadre d'interprétation pour les tribunaux. Actuellement, les lois québécoises sont analysées uniquement en fonction de la Constitution canadienne, qui favorise souvent les droits individuels au détriment des droits collectifs. Ce nouveau cadre pourrait donc avoir un effet, même s'il n'est «certainement pas nul» dans la vie quotidienne.
L'urgence d'agir interpelle Lambert Drainville, puisque la CAQ souhaite que le texte soit adopté avant l’élection de l’automne 2026. Un texte aussi fondamental devrait être le fruit d'un processus transpartisan et de vastes consultations incluant les Premières Nations et la société civile, ce que l'échéancier serré ne permettrait pas.
De plus, le Parti québécois a déjà réagi en affirmant que, si le principe d'une Constitution est logique, celle-ci ne devrait voir le jour qu'une fois le Québec souverain et indépendant. L'objectif d'«unir», mentionné par Simon Jolin-Barrette, semble déjà compromis avant même le début du processus.
Pourquoi un tel empressment pour ce qui est décrit comme le miroir de notre société? Est-ce que ce texte, adopté rapidement, aura une valeur réelle si le Québec demeure une province dans le Canada?
Écoutez l'analyse complète dans l'extrait audio ci-dessous pour entendre la discussion franche entre Jean-Sébastien Hammal et Lambert Drainville sur les enjeux, les risques et la sincérité derrière cette initiative de la CAQ.