C'est sous le signe des défis structurels du secteur manufacturier que s'ouvre aujourd'hui la tournée régionale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).
La première étape, organisée dans la région de l'Estrie, met l'accent sur la pénurie de main-d'œuvre, un enjeu prioritaire pour les entreprises locales et québécoises en général. Des tables rondes animées par des intervenants clés, dont deux ministres provinciaux, aborderont également l'instabilité en matière d'immigration et les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis.
Ces discussions s'inscrivent dans un contexte économique tendu, marqué par des postes vacants records et une escalade des tarifs douaniers américains.
Julie White, présidente-directrice générale de MEQ, était l'invitée jeudi matin d'une émission matinale Que l'Estrie se lève, où elle a tracé un portrait alarmant de la situation.
« Dans le secteur manufacturier uniquement, on a à peu près 464 175 postes vacants actuellement », a-t-elle rappelé, soulignant l'impact d'une population vieillissante et la nécessité accrue de recourir à des travailleurs étrangers temporaires. Ces derniers ne représentent pas un pis-aller : « Les entreprises qui les utilisent n'ont pas négligé les efforts pour recruter au Québec. C'est compliqué, ce sont des démarches longues. »
Mais l'instabilité actuelle, avec des retards fédéraux dans l'implantation d'une clause grand-père permettant à ces travailleurs déjà sur place de rester, risque de provoquer une « hémorragie » nuisible à l'économie.
« Il y a des travailleurs qui commencent à quitter, et ça, c'est très, très nuisible », a insisté White, appelant à un soutien gouvernemental pour éviter de « se tirer dans le pied nous-mêmes au Québec et au Canada ».
Cette urgence est d'autant plus pressante que plus de 11 000 emplois sont restés vacants l'an dernier dans l'industrie québécoise, avec près de 25 % de la main-d'œuvre âgée de 55 ans ou plus, et 1,4 million de postes à pourvoir d'ici 2030 selon Emploi-Québec.