La manipulation déficiente d’une gouttière lors de travaux effectués sur un immeuble résidentiel de Sherbrooke en octobre dernier était en cause dans la mort d’un travailleur survenu à ce moment.
La Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a dévoilé les conclusions de son enquête sur l'accident du 11 octobre, ayant coûté la vie à un travailleur de l'entreprise 9323-9275 Québec inc., faisant aussi affaire sous le nom de Gouttières L.M. Landry jusqu'en avril 2024.
La gouttière a court-circuité une ligne électrique de 14,4 kV vers l'échelle en aluminium sur laquelle se trouvait le travailleur qui a été électrocuté. La gestion de la santé et de la sécurité du travail était déficiente en ce qui concerne les travaux près d'une ligne électrique de 14,4 kV, a évalué la CNESST.
Six mètres
Le jour de l'accident, le travailleur et son collègue s'affairaient à l'installation de gouttières et de descentes pluviales sur un immeuble à logements résidentiel. Le travailleur était positionné à plus de six mètres sur une échelle en aluminium appuyée au sol, sur le côté droit de l'immeuble, tandis que son collègue était debout sur le toit de la galerie de la façade.
«Lors du transfert d'une gouttière d'environ 12 mètres, le collègue du travailleur l'a manipulée en dessous d'une ligne électrique sous tension de 14,4 kV», lit-on dans un communiqué de presse.
«C'est alors que l'extrémité de la gouttière a court-circuité la ligne électrique, sans blesser le collègue. L'électricité a par la suite traversé la gouttière, l'échelle et le corps du travailleur positionné sur celle-ci. Ce dernier a subi une décharge électrique de 14,4 kV, ce qui a provoqué son électrocution, puis sa chute au sol. Le travailleur a été transporté à un centre hospitalier, où son décès a été constaté.»
À la suite de l'accident, la CNESST a ordonné à l'employeur de suspendre ses travaux d'installation de gouttières près des lignes électriques sur le chantier de construction.
Elle a notamment exigé de l'employeur qu'il se conforme aux exigences prévues dans le Code de sécurité pour les travaux de construction.
«Pour prévenir les accidents lors de travaux à proximité d'une ligne électrique aérienne, l'employeur doit mettre en place l'une des mesures de prévention pour s'assurer que la ligne électrique est mise hors tension, prévoir une convention écrite avec l'entreprise d'exploitation d'énergie électrique sur les mesures de sécurité à prendre et rendre cette convention accessible et faire en sorte que les personnes, les pièces, les équipements et les éléments de machinerie se trouvent en tout temps plus loin de la ligne que les distances d'approche minimales prévues au règlement», souligne-t-on.
«Par la loi, l'employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l'intégrité physique et psychique de ses travailleurs et travailleuses. Il a également l'obligation de s'assurer que l'organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l'accomplir sont sécuritaires.»
Respecter les distances d'approche minimales
La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l'Association de la construction du Québec ainsi qu'à l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec afin que leurs membres en soient informés. La CNESST rappellera notamment la nécessité de respecter les distances d'approche minimales lors de travaux d'installation de gouttières à proximité d'une ligne électrique.
Le rapport d'enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant les programmes d'études en lien avec les métiers de la construction pour sensibiliser les futurs travailleurs et travailleuses.
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