Le chef de la direction de BMW, Oliver Zipse, souhaite que l’Union européenne revienne sur sa décision d’interdire la vente de véhicules neufs à essence.
Le contexte
Au tournant de l’année 2023, l’Union européenne votait de strictes réglementations en matière d’émissions, dont l’interdiction de la vente de nouveaux véhicules équipés de moteurs à combustion.
Il faut se rappeler qu’à ce moment, le développement de modèles électriques battait son plein, et les acheteurs se ruaient pour se procurer les nouveaux modèles offerts sur le marché. Toutes les indications montraient une demande en pleine croissance.
Les choses ont bien changé depuis. Il appert que ceux qui avaient à faire la transition l’ont fait, et que les autres consommateurs sont moins prêts à faire le saut. Certains le font tranquillement, mais le tout ne se déroule pas au rythme anticipé. Et pour certains, c’est une question de prix, alors que les prix de plusieurs modèles électriques demeurent élevés.
Les constructeurs inquiets
Depuis 18 mois, plusieurs constructeurs se montrent inquiets. Des sommes astronomiques ont été investies pour la transition. Cette dernière va se faire ; ce n’est pas ce qui est remis en cause. Plutôt, c’est la vitesse à laquelle le changement doit s’opérer qui est sur toutes les lèvres.
Chez BMW, une voix s’élève. Le chef de la direction de la compagnie, Oliver Zipse, a déclaré au Salon de l’auto de Paris qu’il était inquiet de la suite des choses pour la viabilité des constructeurs si l’interdiction des moteurs à essence était maintenue.
Comme le rapporte le site Motor 1, il a souligné la position de la Chine en tant que fournisseur majeur de batteries, ce qui nécessite une coopération considérable à un moment où les relations entre le gouvernement chinois et les pays occidentaux ne sont pas idéales. Il a également parlé du pessimisme qui règne en Europe en ce qui concerne les véhicules électriques. Les marques qui enregistrent des baisses sont nombreuses, et plusieurs sont inquiètes.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que si les compagnies ne peuvent plus vendre de modèles à essence, avec lesquels ils engrangent des profits plus importants, ils ne pourront plus investir au même rythme dans l’électrification. C’est l’ironie de la chose.
En Amérique du Nord, des marques comme Chevrolet et Ford font des profits mirobolants avec la vente de leurs camionnettes. Sans elles, il est permis de se demander si les investissements en matière d’électrification auraient été aussi importants.
Oliver Zipse avait ceci d’intéressant à mentionner :
« Une correction de l’objectif de 100 % de véhicules électriques pour 2035 dans le cadre d’un paquet global de réduction des émissions de CO2 permettrait également aux équipementiers européens d’être moins dépendants de la Chine pour les batteries. Pour maintenir l’objectif vers le succès, il est essentiel de suivre une voie strictement agnostique sur le plan technologique dans le cadre politique. »
Le dirigeant de BMW n’est pas le seul à s’inquiéter d’un avenir entièrement électrique en 2035. Avant même que l’encre de la proposition de l’Union européenne pour 2023 ne soit sèche, le gouvernement allemand prenait la tête d’une alliance de sept pays s’opposant à l’interdiction. L’Allemagne et l’Union européenne ont finalement trouvé un compromis en prévoyant une exception pour les véhicules utilisant des carburants synthétiques ou carboneutres.
Et d’autres voies se sont élevées. En janvier 2024, le directeur financier de Porsche, Lutz Meschke, a déclaré qu’il s’attendait à ce que l’interdiction soit retardée ou qu’elle prenne fin purement et simplement. BMW et Volkswagen ont poursuivi le développement de nouveaux moteurs à combustion, à l’instar de nombreux autres constructeurs.
En Italie, le ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Gilberto Pichetto Fratin, a récemment déclaré que l’interdiction « devait être modifiée ».
Volvo, quant à elle, reste totalement favorable à cette mesure, elle qui est engagée à fond envers l’électrification de sa gamme.
Enfin, c’est important de le répéter, les constructeurs ne reculent pas sur leurs intentions d’effectuer un virage électrique. Chez BMW, on s’apprête à lancer les premiers véhicules de la Neue Klasse, une série de modèles électriques de nouvelle génération.
La cohabitation
Ce qui semble se dessiner de plus en plus, c’est une cohabitation qui sera plus longue entre les modèles tout électriques et ceux à essence.
Et tout cela peut changer rapidement. Le jour où les modèles électriques seront moins chers et où l’autonomie sera à plus de 1000 km, vous allez voir les gens se tourner massivement vers les électrons. Les consommateurs vont toujours penser à leur portefeuille en premier, ce qui est tout à fait compréhensible.
Contenu original de auto123.