Après 23 ans de détention, Hugo Bernier, reconnu coupable du meurtre, du viol et de la séquestration de Julie Boisvenu, a obtenu une permission de sortie avec escorte afin d’assister à une cérémonie familiale en Gaspésie.
La décision, rendue dans les dernières heures par la Commission des libérations conditionnelles du Canada, a profondément choqué la famille de la victime.
«On parle ici d’un homme qui n'a aucun remords sur les gestes commis en prétendant que les victimes étaient consentantes, qui n'a eu aucun remords en 6 heures et demie d'audience, aucun remords par rapport à l'assassinat de Julie, aucune excuse adressée à la famille pour le geste qui a détruit quelque part quelque chose dans notre famille... Parce qu'il y a des remords que son jeune frère s'est suicidé, qu'on lui accorde ce privilège-là, ça me dépasse un peu.», a dénoncé Pierre-Hugues Boisvenu, père de Julie et ex-sénateur.
La demande initiale de Bernier visait une visite à sa famille, mais elle a ensuite été reformulée comme une sortie à caractère humanitaire, à la suite du suicide récent de son frère. M. Boisvenu souligne que la Commission a suspendu l’évaluation pendant plusieurs semaines en juin, le temps de vérifier le passé criminel récent du père de Bernier, qu’il souhaitait également visiter.
Une décision jugée injustifiée
Le père de la victime s’interroge sur les critères ayant mené à cette décision. « Ces permissions-là devraient être basées sur le mérite, pas uniquement sur le facteur émotionnel. Cet homme n’a jamais exprimé de regret envers notre famille, ni reconnu l’atrocité de ses actes. »
Il déplore également un manque de transparence : bien que le détenu ait reçu la décision par écrit, la Commission a refusé de la transmettre à la famille de la victime, invoquant des restrictions, et ce, malgré les droits garantis aux victimes par la Charte canadienne.
Crainte d’un précédent
Pierre-Hugues Boisvenu craint que cette sortie, même ponctuelle, ne serve de précédent et facilite l’acceptation future de demandes de libérations plus fréquentes. Il rappelle que Bernier a déjà tenté de se faire transférer dans un établissement à sécurité minimale l’an dernier, sans que la famille en soit informée à temps.
Une bataille qui continue
L’ancien sénateur, devenu une voix importante pour les droits des victimes au pays, continue de se battre pour un meilleur équilibre entre les droits des détenus et ceux des familles de victimes. Il milite notamment pour une réforme des audiences devant la Commission des libérations conditionnelles, afin que les victimes aient accès aux mêmes informations et au même droit de parole que les criminels.
«Ce n’est pas une question de vengeance, c’est une question de justice et de respect pour les familles.»