L'affaire Sylvain Vallée, candidat au poste de conseiller municipal à Cookshire-Eaton en Estrie, soulève de profondes questions sur l'infiltration du crime organisé dans la politique locale. M. Vallée est connu pour être un sympathisant des Hells Angels et était affilié aux Gitans de Sherbrooke.
Face à ce dilemme moral et légal, la ministre des Affaires municipales, Geneviève Guilbault, a choisi de ne pas laisser la décision aux seuls électeurs. Elle a officiellement demandé au Directeur général des élections du Québec (DGEQ) de se prononcer pour déterminer si M. Vallée a le droit de se présenter comme conseiller.
Le débat moral et juridique
L'analyste politique Lambert Drainville et Jean-Sébastien Hammal expriment leur « malaise » face à la situation. M. Drainville souligne l'hypocrisie de la situation: un individu clairement «affiché, associé, fier» et considéré par les services policiers comme faisant partie du crime organisé devrait, selon lui, être exclu du processus.
Le critère du casier judiciaire : M. Vallée n'a pas de casier judiciaire. Mais comme le souligne M. Drainville, «c'est comme pas mal ça, leur job, au crime organisé, de commettre des crimes sans se faire pogner pis de pas avoir de casier judiciaire».
L'arrogance: L'analyste juge «très arrogant» de penser qu'on peut représenter des citoyens tout en encourageant une organisation responsable de «meurtres» et de «dégâts au fil des années».
De son côté, Jean-Sébastien Hammal note que, paradoxalement, M. Vallée semble jouir d'une certaine sympathie auprès des citoyens de Cookshire-Eaton. Un commentaire populaire, bien que teinté de cynisme, serait qu'il «fera peut-être pas pire que les autres politiciens auxquels on est habitué».
L'enjeu est délicat, jusqu'où la démocratie doit-elle permettre à des individus clairement liés au crime organisé de se présenter?
La ministre Guilbault a décliné nos demandes d'entrevue sur la question, laissant la balle au DGEQ.