En Estrie, les Infirmières Praticiennes Spécialisées (IPS) sont plus que jamais des piliers du réseau de la santé. Ces professionnelles diplômées à la maîtrise, notamment de l'École de sciences infirmières de l'Université de Sherbrooke, jouent un rôle de plus en plus accru dans deux secteurs cruciaux, la santé mentale et l'aide aux victimes d'agressions à caractère sexuel.
L'importance de leur travail sur le terrain est concrète. Depuis le 15 octobre 2024, Sherbrooke accueille d'ailleurs sa première clinique d'IPS au 50, rue Camirand. Cette ouverture répond à un besoin urgent de désengorger les services et d'offrir des soins de première ligne à une population en attente.
Dans l'émission l'Estrie aujourd'hui, le journaliste Jean-François Desaulniers a décortiqué ce dossier.
Une intervention vitale avec le CALACS
Le rôle des IPS dans l'accompagnement post-agression est central et direct. Kelly Laramée, intervenante au CALACS Agression Estrie, confirme la collaboration étroite avec ces infirmières spécialisées. L'IPS est souvent la première personne que rencontre une victime souhaitant obtenir une trousse médico-légale et déposer une plainte.
«Généralement, c'est une infirmière qui fait presque l'entièreté de la trousse médico-légale, excepté pour tout ce qui est des prélèvements gynécologiques qui sont réservés aux médecins», selon Mme Kelly Laramée.
Leur expertise est essentielle pour effectuer les tests de dépistage des infections et pour prodiguer un accompagnement d'urgence, assurant la prise en charge médicale et le soutien immédiat de la victime.
Le combat pour la reconnaissance à l'IVAC
Malgré ce rôle essentiel et la profondeur de leur formation, les IPS livrent une bataille administrative et légale. Maude Raymond, présidente de l'Association des Infirmières Praticiennes Spécialisées, insiste sur la nécessité d'une meilleure reconnaissance au programme de l'Indemnisation des victimes d'actes criminels (IVAC).
«L'enjeu principal que nous avons en ce moment avec notre champ de pratique, c'est que tous les documents de l'IVAC [...] pour l'instant, l'IPS n'est pas reconnu comme professionnel prescripteur», précise Maude Raymond.
Être non reconnues comme professionnelles prescriptrices par la Loi sur l'IVAC est une «petite roche dans leur soulier». Cela les empêche de signer des documents cruciaux, comme les arrêts de travail ou la prescription de séances de psychothérapie, dans le cadre de l'indemnisation des victimes.
Formation et placement: un équilibre délicat
Si l'École de sciences infirmières de l'UdeS comble toutes les places disponibles pour former les IPS, le nombre d'étudiants demeure stable. Le professeur et directeur André Michaud indique que l'établissement est tributaire du nombre de places de stages disponibles.
Parallèlement, la révision des cibles par Santé Québec visant à «bien répartir les diplômés IPS en fonction des besoins populationnels» a généré des craintes chez les finissantes, qui s'interrogent sur la possibilité d'être placées dans d'autres régions que l'Estrie.