On est encore loin d’assister à la fin de l'utilisation du fameux télécopieur dans le monde de la santé. L’appareil qu’on appelle le FAX en aurait pour encore au moins dix ans.
Selon le Dr Benoit Heppel, médecin de famille à Sherbrooke, l'omniprésence du fax dans la pratique médicale témoigne de la lenteur de la transformation numérique dans le système de santé.
«On a fait une avancée technologique dans les dernières années; le fax web. À partir d'un ordinateur, on est capable d'envoyer un document, puis ça sort dans le fax. Donc ce n'est pas mieux qu'un fax», mentionne le médecin.
«Dans mon GMF, on avait implanté ça en 2020. J'en ai envoyé 7380 depuis 2020. Des prescriptions dans les pharmacies, des prescriptions d'examens en cardiologie, des consultations, donc des choses qui sont sorties dans un fax quelque part, qui sont parties de mon ordinateur. J'exclus là-dedans tout ce que j'ai imprimé et que j'ai donné à ma secrétaire qui l'a mis physiquement dans un fax, et j'exclus tout ce que quelqu'un a faxé pour moi à l'hôpital.»
François Legault
Le premier ministre François Legault avait promis de mettre fin à l'utilisation du fax dans les hôpitaux québécois, mais plusieurs établissements de santé continuent de renouveler des contrats pour des outils informatiques de télécopie, rapportait Le Journal de Montréal mercredi matin. Depuis mai 2020, des centres de santé ont octroyé 22 contrats de plus de 1,5 M$ pour cette vieille technologie.
La disparition du télécopieur n’est pas prévue avant dix ans, constate le Dr Heppel, invité lors de l’émission Midi Actualité.
«Au minimum! Je ne suis pas sûr que je vais prendre ma retraite un jour pis que le fax va être disparu. Je vais le croire quand je vais le voir. Peut-être que ça va disparaître un jour, mais pour l'instant, c'est bien ancré», dit-il.
«Dans les hôpitaux, on a encore des capsules où on met des documents dans des capsules qui voyagent dans les plafonds…»
Support papier
Le papier est encore bien présent dans nos hôpitaux, enchaîne Alexandre Allard, porte-parole de l'Association des gestionnaires de l'information de la santé du Québec.
Le support papier et le fax restent souvent le seul moyen de partager l’information. Le Québec travaille sur le dossier de santé numérique (DSN ou EPIC) pour améliorer la communication entre les professionnels et avec les usagers, avec des projets-pilotes prévus pour la fin de 2025 en Mauricie et au nord de l'île de Montréal.
Cependant, une transition complète pourrait prendre une dizaine d'années, confirme-t-il.
«Présentement, le projet-pilote en Mauricie et au Nord de l'île, c'est fin 2025. Donc, on parle d'un an et demi. Par la suite, le grand défi du ministère de la Santé, c'est de prendre le dossier de santé numérique et l'intégrer dans tous les établissements du Québec», évalue M. Allard.
«Je ne suis pas dans le secret des dieux, pour savoir combien de temps, combien d'années ça va prendre pour intégrer tout le Québec. Mais clairement, ça ne se fera pas en claquant des doigts, parce que c'est de très grande transformation numérique. On parle carrément d'un big bang dans les organisations.»
Écoutez les entrevues accordées à Marc Toussaint.