Alors que les temps d’attente aux urgences font régulièrement les manchettes, une initiative concrète vient de voir le jour au CIUSSS de l’Estrie-CHUS: une toute nouvelle unité d’hospitalisation brève (UHB) vient d’être mise en place, spécifiquement en cardiologie. Une réponse directe à un besoin bien réel de fluidité dans le réseau hospitalier.
«On parle souvent de fluidité dans les soins, mais ici, c’est plus qu’un mot : c’est une nouvelle façon d’organiser les services», explique en entrevue le Dr Simon Bérubé, cardiologue au CHUS. L’objectif est simple, mais ambitieux: libérer les civières d’urgence en dirigeant rapidement certains patients vers une unité conçue pour des séjours de courte durée, entre 24 et 48 heures, permettant observation, tests, et ajustement du traitement, sans nécessiter un lit régulier en cardiologie.
Les patients ciblés sont ceux dont la condition médicale nécessite un suivi temporaire, souvent en lien avec des symptômes comme une perte de conscience inexpliquée, des douleurs thoraciques ou des anomalies cardiaques épisodiques. Des cas fréquents en cardiologie, mais qui ne justifient pas toujours une hospitalisation complète.
Trois chambres sont pour l’instant réservées au 10e étage, à proximité des autres unités de cardiologie, incluant l’unité coronarienne. «Ce n’est pas collé sur l’urgence, mais ce n’est pas un problème, précise Dr Bérubé. Quand un patient monte en UHB, l’évaluation initiale a déjà été faite. C’est maintenant à nous de prendre le relais.»
Ce projet pilote n’exige pas de nouvelles constructions ni d’investissements majeurs en équipement. Il repose plutôt sur une réorganisation intelligente des ressources existantes, notamment grâce à une augmentation récente du nombre d'appareils de télémétrie (surveillance cardiaque à distance).
Pas un sacrifice, mais un gain, insiste le médecin. «On n’a pas déshabillé Pierre pour habiller Paul. Ce sont des ajustements logistiques qui nous permettront de faire plus avec les mêmes ressources.»
Alors que les maladies cardiovasculaires sont en nette progression, on note notamment une hausse de 3,6% par année des hospitalisations pour infarctus chez les femmes de 45 à 54 ans, les équipes du CHUS veulent anticiper la surcharge du système.
On aura encore plus de travail dans les prochaines années. Il faut adapter notre façon de faire dès maintenant
Cette première unité d’hospitalisation brève pourrait servir de modèle pour d’autres spécialités. Et si les résultats sont concluants, elle pourrait bien être la première d’une série d’initiatives concrètes pour soulager les urgences.