Le cinéma québécois vit une période charnière en 2024. Jean-François Desaulniers, lors d’une discussion sur l’évolution de la fréquentation cinématographique, aborde une réalité préoccupante: la première baisse de fréquentation depuis la fin de la pandémie.
Selon les dernières données de l'Institut de la statistique du Québec, les cinémas ont enregistré 13,5 millions de spectateurs en 2024, une diminution de 7% par rapport à 2023 et de 28% par rapport à l’année de référence 2019.
En Estrie, la situation est similaire, avec une baisse de 6,8%. Toutefois, une lueur d’espoir se dessine: l’offre de nouveautés en région a augmenté de 39,4%, un des meilleurs pourcentages au Québec. Le nombre de projections a également connu une légère hausse de 3%, bien que l’on remarque que ces films restent souvent moins longtemps à l'affiche. Ces statistiques suggèrent que l'industrie peine encore à retrouver son rythme d’avant la pandémie, malgré une offre plus abondante de films.
L'année 2024 a également été marquée par une belle performance du cinéma québécois, avec des films comme Nos Belles-Sœurs, Le Cyclone de Noël et 1995 se classant parmi les films les plus vus au Québec. Ce succès local a permis à la part de marché des films québécois de grimper à 15% contre 12% en 2023, dépassant même le niveau de 2019.
Pascal Genêt, chargé de projets à l’Institut de la statistique du Québec, ne s’inquiète pas outre mesure de cette baisse de fréquentation. Selon lui, 2025 pourrait être une année particulièrement prometteuse, malgré un début d’année compliqué. Les premiers mois ont été difficiles pour l’industrie, mais des superproductions comme Minecraft et Mission Impossible devraient dynamiser les ventes de billets.
Pour les cinémas en région, comme en Estrie, la situation n’est pas simple. François Pradella, copropriétaire de six cinémas, mentionne que les premiers mois de 2024 ont été particulièrement faibles, mais que la tendance s’est inversée en mai avec l’arrivée de grosses productions. Il souligne également l’importance d’une offre locale de qualité et se montre optimiste pour la suite, même si certains cinémas pourraient devoir se réinventer pour attirer davantage de spectateurs.
Du côté de la production cinématographique en région, l'industrie québécoise semble se porter plutôt bien. Véronique Vigneault, productrice, évoque les défis de la production en région, notamment le financement de projets et l’importance des films québécois pour l’obtention de financements gouvernementaux. Le cinéma en région est un secteur en plein essor, avec des tournages qui mettent en valeur le patrimoine local, comme celui de Sherbrooke, où une production est actuellement en cours à la prison Winter.
Le cinéma québécois, malgré un contexte économique difficile, continue de capter l’attention du public et de se faire une place parmi les grosses productions internationales.