Dans la course à la mairie de Sherbrooke, une question épineuse revient avec insistance : faut-il geler les embauches pour alléger la pression financière sur la Ville ou plutôt optimiser la structure actuelle pour mieux servir la population? Notre journaliste Jean-François Desaulniers a sondé les principaux candidats pour connaître leur position.
Selon un inventaire publié par le journal La Tribune en mars dernier, Sherbrooke aurait ajouté 205 postes permanents au cours du dernier mandat municipal. En incluant les autres catégories d’emploi, ce sont 319 nouveaux employés qui se sont ajoutés à l’effectif.
En 2023, ce sont surtout les cadres, contremaîtres et cols blancs qui ont vu leur nombre augmenter, selon le rapport financier de la Ville.
Or, Sherbrooke est une ville en pleine croissance, près de 2000 nouvelles portes sont construites chaque année, ce qui soulève un défi: maintenir des services de qualité tout en évitant une explosion des coûts.
Des obligations légales à considérer
Rappelons que la Ville est soumise à des obligations légales, de santé et sécurité, et à des conventions syndicales. Toute réduction d’effectif doit tenir compte de ces paramètres, souligne Jean-François Desaulniers.
Marie-Claude Bibeau (Indépendante): Un gel des embauches envisagé
L’ancienne ministre et candidate indépendante veut resserrer les priorités et établir une relation de confiance avec les employés municipaux. Elle propose:
«Il y a eu trop d’embauches dans les dernières années. Je prévois un gel des embauches et une redistribution des effectifs selon les priorités du conseil.»
Elle souhaite également mettre en place une culture d’excellence opérationnelle, pour des services plus efficaces.
Raïs Kibonge (Sherbrooke Citoyen): Miser sur la qualité et l’efficacité
Plutôt que de parler en termes de nombres, Raïs Kibonge insiste sur la valeur du travail et l’importance de chaque employé: «Il n’y a pas trop d’employés à la Ville. Chaque ressource doit être justifiée, chaque dollar doit générer un service de qualité.»
Il prône l’efficacité et la rigueur dans les embauches, sans couper dans les forces vives de l’appareil municipal.
Guillaume Brien (Vision Action Sherbrooke): Consolider, pas agrandir
Avec son expérience à la Fédération des coopératives d’habitation, Guillaume Brien voit la Ville comme une grande organisation qui doit désormais se consolider: «On n’est pas en position d’augmenter le nombre d’employés. Il faut optimiser le fonctionnement et limiter le fardeau sur les contribuables.»
Il évoque aussi les départs à la retraite comme une opportunité pour réorganiser sans ajouter de postes.
Vincent Boutin (Indépendant): Questionner les processus, pas juste les postes
L’ex-conseiller municipal dénonce une certaine complexité administrative à la Ville de Sherbrooke: «On a parfois créé des postes pour régler des problèmes au lieu de revoir les façons de faire.»
Il critique notamment l'ajout de postes en communication pour soutenir la participation citoyenne et les relations publiques, une décision qu’il juge excessive.
Vincent Boutin mise aussi sur la confiance envers les employés et l’usage de l’intelligence artificielle pour dégager des marges de manœuvre.
Conclusion: Geler ou optimiser?
Dans ce débat délicat, deux visions s’affrontent:
Celle d’un gel stratégique des embauches, proposé notamment par Marie-Claude Bibeau;
Et celle d’une optimisation intelligente de l’appareil municipal, défendue par Raïs Kibonge, Guillaume Brien et Vincent Boutin.
Ce qui est certain, c’est que la prochaine administration devra trouver l’équilibre entre maîtrise des coûts et qualité des services, dans un contexte de croissance rapide… et de finances municipales sous pression.
Écoutez le dossier du journaliste Jean-François Desaulniers.