L'ex-ministre libérale fédérale Marie-Claude Bibeau continue de caracoler en tête des intentions de vote pour la mairie de Sherbrooke en vue de l'élection du 2 novembre. Selon un tout nouveau sondage réalisé par Pallas Data pour le compte du 107,7 Estrie et du Sherbrooke.info, Mme Bibeau obtient 43% des intentions de vote, contre 19% pour son adversaire le plus proche, Vincent Boutin.
Selon ce coup de sonde réalisé le 25 octobre, Marie-Claude Bibeau (indépendante) s'impose largement devant ses trois adversaires, obtenant 43% des intentions de vote, plus du double de Vincent Boutin (indépendant) à 19% et quatre fois plus que Guillaume Brien (Vision Action Sherbrooke) à 10%. Le chef de Sherbrooke Citoyen, Raïs Kibonge, ferme la marche avec 6% des intentions de vote.
On compte aussi un fort taux d'indécis, qui se chiffre à 22%.
Source: Pallas Data
Chez les électeurs décidés, les appuis montent 55% pour Mme Bibeau, 24% pour M. Boutin, 13% pour M. Brien et 8% pour M. Kibonge.
Source: Pallas Data
Il s'agit du deuxième sondage de suite, après celui de La Tribune-Radio-Canada la semaine dernière, qui place Mme Bibeau en tête des intentions de vote. Cette situation «peut nous conforter dans l'idée qu'une candidate se démarque» dans cette course, indique Jean-François Daoust, professeur de politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, mais ne permet pas d'établir une tendance claire dans les intentions de vote.
Pour observer une telle tendance, une même firme aurait dû mesurer l'humeur de la population sherbrookoise à différents moments de la course, dit le professeur Daoust.
Qu'à cela ne tienne, «c'est vrai que le fait qu'il y ait un deuxième sondage qui montre qu'une personne est en avance, Marie-Claude Bibeau, ça conforte dans [cette interprétation]», note-t-il.
De son côté, dans son analyse publiée avec le coup de sonde, Pallas Data écrit que «Marie-Claude Bibeau dispose d’une avance considérable qui semble difficile à combler. La course pour la deuxième place entre Boutin et les autres candidats pourrait être plus compétitive que l’issue de la course à la mairie elle-même».
La notoriété fait foi de tout
Malgré «une brochette de candidatures plutôt qualifiées, composée de bonnes personnes compétentes», Marie-Claude Bibeau semble avoir une avance décisive dans cette course à la mairie. Pourquoi?
«Au niveau municipal, en particulier, ça joue beaucoup le fait de reconnaître la personne. Marie-Claude Bibeau était clairement la personne la plus reconnaissable, la plus connue parmi les candidatures», explique le Pr Daoust.
Il ne faut pas oublier d'où elle vient. Elle est connue car elle était ministre dans un gouvernement extrêmement impopulaire [...] et, malgré tout, quelques mois plus tard, on semble avoir complètement oublié cet aspect-là et le fait qu'on reconnaît la personne semble jouer beaucoup.
Mais l'expert met la population en garde : il est excessivement difficile de prédire une course au municipal, et ce, pour plusieurs raisons.
«C'est très difficile d'identifier qui va réellement aller voter», souligne-t-il d'emblée, notant que le taux de participation au municipal est souvent assez faible.
Autrement dit, ce n'est pas parce qu'il y a 22% d'indécis que 78% des gens iront voter et un tel sondage ne veut pas dire non plus que les 43% de répondants qui disent appuyer Mme Bibeau vont véritablement l'appuyer dans cette proportion le 2 novembre.
Sinon, la marge d'erreur de plus ou moins 4,1% du coup de sonde fait en sorte que les résultats peuvent varier de huit points de pourcentage autour du taux d'intention de votes des quatre candidats, ce qui est énorme, selon le Pr Daoust.
«Le nombre élevé de voteurs indécis et l’absence d’un thème de campagne dominant suggèrent que la course pourrait encore évoluer. Mais il faudrait que Bibeau trébuche de manière significative pour que le résultat soit remis en question», convient la firme Pallas dans son analyse du sondage.
Source: Université de Sherbrooke
Où se distinguent les candidats?
Lorsqu'on analyse les résultats du sondage dans leurs détails, on remarque que les quatre candidats se distinguent auprès de clientèles précises.
Le chef de Sherbrooke Citoyen, Raïs Kibonge, fait beaucoup mieux auprès des 18-34 ans, obtenant 10,5% de leurs intentions de vote. À titre comparatif, il récolte l'appui de 2,8% des 65 ans et plus.
Guillaume Brien, chef de Vision Action Sherbrooke, surperforme aussi auprès des 18-34 ans, avec 13,3% des répondants de cette tranche d'âge disant l'appuyer.
L'indépendant Vincent Boutin, lui, connaît une légère sous-performance auprès des 18-34 ans et des 65 ans et plus, avec 15,8% et 15,5%, mais fait bien chez les 25-49 et les 50-64 ans, obtenant 22,4% et 24% chez ces deux groupes.
Marie-Claude Bibeau récolte un grand taux d'appui chez les 65 ans et plus, soit 51,9%. Elle fait moins bien chez les 18-34 ans, soit 36,7%, mais bat quand même ses adversaires dans tous les groupes d'âge.
Les hommes appuient plus que les femmes MM. Brien (11,2% contre 8,2%) et Boutin (20,8% contre 16,7%), alors que M. Kibonge et Mme Bibeau ont des résultats presque parfaitement paritaires.
Selon Jean-François Daoust, cette répartition des intentions de vote avantage Mme Bibeau, car les personnes plus âgées vont plus souvent aux urnes.
«L'âge, c'est le grand prédicteur, en études électorales au Québec, qui est corrélé avec le taux de participation aux élections», expose-t-il, disant que les candidats qui performent bien auprès de cette clientèle dans les sondages sont généralement plus «confortables».
L'énigme Kibonge
Un autre volet du coup de sonde montre que 62% des répondants estiment que «la performance de l'administration municipale de Sherbrooke» est dans la moyenne ou meilleure que la moyenne des villes de taille similaire au Québec.
Source: Pallas Data
Devant ce constat, il s'agit d'une «irrégularité» que le candidat du parti de la mairesse sortante, Raïs Kibonge, récolte un famélique 6% des intentions de vote, affirme Jean-François Daoust.
«En études électorales, quand les gens trouvent que ça va bien, le score du candidat du parti sortant est plutôt bon. Ça, c'est l'une des régularités qu'on a le plus souvent», dit-il.
«Pour moi, continue le Pr Daoust, c'est un casse-tête. Plusieurs choses peuvent jouer là-dessus, mais je voulais le noter.»
Les élections auront lieu le 2 novembre, de 8h à 20h. Déjà plus de 15% des Sherbrookois ont voté par anticipation la fin de semaine dernière.
Ce sondage a été réalisé le 25 octobre, soit quelques jours après le débat du 107,7 Estrie et de la Chambre de commerce et industrie de Sherbrooke, sur un échantillon aléatoire de 570 personnes de 18 ans et plus à Sherbrooke, qui ont été jointes par téléphone (lignes terrestres et cellulaires).
Écoutez le dossier d'Anthony Ouellet.
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