Le gouvernement Legault se trouve dans une impasse alors que les coupes budgétaires exercent une pression sur la Sûreté du Québec et le système de santé.
L'actualité des derniers jours est marquée par une tension grandissante entre le gouvernement Legault et deux piliers des services publics : les médecins et la Sûreté du Québec (SQ). À peine la loi sur la rémunération des médecins est-elle adoptée que des chiffres circulent, annonçant l'exode des praticiens vers l'Ontario et le Nouveau-Brunswick. Ce qui était perçu comme une simple menace lors des négociations se concrétise-t-il en une hémorragie pour le système de santé québécois?
Jean-Sébastien Hammal, animateur de l'émission Que l'Estrie se lève, discute avec le chroniqueur Philippe Léger pour décortiquer cette situation. L'analyste souligne d'abord la force du lobby des médecins et leur efficacité à faire valoir leur point dans les médias. Sur le fond, il émet des réserves tant envers la stratégie du gouvernement qu'envers celle des fédérations de médecins.
Côté gouvernemental, Philippe Léger y voit une réaction excessive face à l'impopularité: «On a sorti le bazooka, on a mis le scalpel de côté pis on a sorti le bazooka, les cutter. Peu importe. C'est quoi, l'outil que tu veux utiliser ou l'arme pour faire en sorte de changer de bout en bout la façon dont les médecins pratiquent.»
Il mentionne le gel de la rémunération et l'introduction d'objectifs de performance, des mesures qui braquent inévitablement les professionnels.
Cependant, l'analyste interpelle aussi les fédérations de médecins, qui utilisent un vocabulaire "soviétique" et une part d'exagération (comme le chiffre de 40% de perte de primes) pour mobiliser leurs membres, soulevant une question éthique fondamentale pour les médecins qui choisissent de quitter: «Est-ce que tu laisses le réseau tomber par soi même? Parce que toi individuellement, t'es t'es fâché, t'es tanné, t'es épuisé? C'est une vraie question éthique derrière ça.»
La SQ sous le scalpel budgétaire: où couper sans nuire à la sécurité?
Simultanément, le gouvernement Legault doit gérer une autre crise majeure: les compressions de 120 millions de dollars demandées à la Sûreté du Québec (SQ). Le plan de la SQ pour atteindre ces cibles inquiète le ministre Yann Lafrenière, car il implique la fermeture de postes auxiliaires, la vente d'hélicoptères et l'abolition de postes en crimes financiers.
Philippe Léger pointe l'incohérence du gouvernement Legault qui, d'une part, veut incarner la «loi et l'ordre» et renforcer la sécurité, mais, d'autre part, impose des coupes qui menacent directement le sentiment de sécurité des citoyens.
Selon l'analyste, l'argument du gouvernement de s'attaquer à la «bureaucratie» est un concept flou et souvent mal appliqué. Pour lui, la bureaucratie, ce sont les normes, les lois, les processus et les rapports incessants, pas une simple dépense monétaire.
Ne manquez pas cette discussion pour comprendre les défis colossaux auxquels fait face le gouvernement Legault, pris entre la nécessité de couper et la grogne des professionnels de la santé et de la sécurité publique.