Le retour de vacances marque souvent un retour à la routine, mais pour plusieurs, c’est aussi un retour brutal à la réalité financière. Entre les factures qui s’empilent, les relevés de cartes de crédit et les obligations fiscales en attente, septembre devient un mois charnière pour ceux dont les finances sont fragiles.
«Le mois de septembre est celui où l’on voit le plus de dépôts de dossiers d’insolvabilité dans l’année», affirme Marc-André Houle, syndic autorisé en insolvabilité chez Houle Huot Syndics. «Ce n’est pas parce que les gens ont trop dépensé en vacances. C’est plutôt parce qu’ils ont enfin arrêté de courir.»
Selon lui, les vacances offrent un rare moment de recul : on a le temps de s’asseoir, de regarder les chiffres, et souvent, de constater que la situation n’est plus tenable. «C’est un wake-up call pour bien des familles», dit-il.
Le mois de septembre est le plus chargé en dépôts de dossiers d’insolvabilité, affirme le syndic. «C’est le moment où les gens réalisent qu’ils ne pourront pas s’en sortir sans aide.»
Du côté des entreprises, le constat est similaire. Des retards de comptabilité, un manque de suivi budgétaire ou des problèmes de liquidité sont souvent à l’origine des difficultés. «Quand tu te finances avec les remboursements de taxes ou que les paies ne passent plus, c’est déjà tard. Les solutions sont là, mais elles sont plus nombreuses quand tu agis tôt», insiste M. Houle.
Depuis la pandémie, le nombre de dossiers d’insolvabilité a grimpé d’environ 20% par année, et 2024 ne fait pas exception. La tendance lourde : les propositions de consommateurs remplacent de plus en plus les faillites. «Huit dossiers sur dix au Canada sont désormais des propositions. C’est plus souple, moins lourd sur le dossier de crédit, et ça permet aux gens de conserver leurs actifs.»
Mais pour éviter d’en arriver là, M. Houle rappelle l’importance du budget. «Trop de gens viennent nous voir avec six mois de retard dans leur comptabilité. Ils naviguent à l’aveugle.» Pourtant, avec les outils numériques disponibles, suivre ses dépenses n’a jamais été aussi facile. «Ce qui manque souvent, ce n’est pas l’accès à l’information, mais la discipline de la consulter.»
Alors que l’automne s’installe, Marc-André Houle invite les citoyens à ne pas attendre d’être dans le rouge pour consulter. «Quand le petit drapeau jaune se lève, c’est là qu’il faut venir nous voir.»