La CAQ a déposé son projet de Constitution. Pourquoi maintenant? Et surtout, comment l'opposition réagit-elle à cette initiative qui ne figurait pas au programme électoral? Lambert Drainville en discute avec Jean-Sébastien Hammal.
Le dépôt du projet de Constitution québécoise par le gouvernement de la CAQ a créé une onde de choc à Québec, soulevant immédiatement la question de sa légitimité. L'opposition, toutes allégeances confondues, critique la précipitation et le fait que cette démarche n'ait jamais été abordée lors de la dernière campagne électorale. Le mot d’ordre de l’opposition semble être : pourquoi ne pas attendre l'élection de 2026 pour laisser les Québécois se prononcer sur une telle proposition, faite dans un cadre canadien?
Pourtant, malgré ces critiques sur la forme, le contenu du document, qui aborde des sujets chers aux Québécois comme le statut du français comme langue officielle, la laïcité et l'égalité hommes-femmes, crée une situation délicate pour les autres partis.
Un test de crédibilité pour les parlementaires
Lambert Drainville, chroniqueur politique à l'émission Que l'Estrie se lève, estime que ce projet de loi représente un véritable test de crédibilité pour l'ensemble des parlementaires. Selon lui, le document de 40 pages déposé par Simon Jolin-Barrette est «quelque chose qui a été réfléchi» et qui «me rendait fier, en tant que Québécois, de retrouver tous ces éléments […] au sein d'un même texte». Il souligne que la grande majorité des Québécois devraient être en faveur des éléments qui y sont inscrits.
Le défi pour l'opposition n'est donc pas de critiquer le manque de rigueur (le document étant jugé solide par plusieurs analystes), mais de se positionner sur le fond de la Constitution. Dire «nous sommes pour, mais nous ferions des changements» ouvre la porte à la prochaine question : lesquels?
Le legs de François Legault
Alors que l’animateur Jean-Sébastien Hammal se demande s'il ne s'agit pas d'une « affaire d'orgueil » pour le premier ministre, Lambert Drainville nuance: «C'est plus une question de legs, bien honnêtement.» Le premier ministre, voyant la fin de son mandat approcher, aurait été convaincu par ses conseillers que ce projet de Constitution nationaliste pourrait constituer son héritage politique, «plus probablement encore que la loi 21».
Un élément clé du texte qui force l'opposition à se positionner est le processus de modification, jugé beaucoup plus flexible que celui de la Constitution canadienne. La Constitution québécoise ne nécessiterait qu'un simple vote majoritaire à l'Assemblée nationale pour être modifiée, forçant les partis de l'opposition à révéler leur stratégie post-CAQ.