L'UPA Estrie ne ménage pas ses mots quand vient le temps de commenter le déversement d'eaux usées de la Ville de Sherbrooke qui est prolongé jusqu'à lundi.
Dans une publication sur le réseau X, l'UPA parle d'un «recul scandaleux pour la qualité de l'eau en Estrie».
Jeudi, on apprenait qu’on poursuivait le déversement des eaux usées de milliers de litres d’eau usée dans la rivière au centre-ville de Sherbrooke, en lien avec les travaux majeurs apportés au poste de pompage Saint-François.
Ceux-ci devaient être terminés jeudi, mais ont été prolongés jusqu’à lundi, rappelons-le.
Le double
C’est donc près du double du déversement d'eaux usées prévu qui sera déversé dans la rivière Saint-François. On parle ici de 98 000 mètres cubes d'eau en raison d'imprévus et de travaux de nettoyage plus longs.
La norme actuelle du ministère de l'Environnement limite les rejets dans la rivière à un maximum de 100 000 mètres cubes.
Régulièrement montré du doigt
Joint à ce sujet, Michel Brien, président de l'UPA en Estrie, critique la décision de la Ville de procéder ainsi pour ses eaux usées.
Le monde agricole est régulièrement montré du doigt pour des rejets, par exemple, de fumier dans des cours d’eau.
«C’est effrayant la quantité d’eau usée qui va être jetée dans la rivière Saint-François par la Ville de Sherbrooke. On nous dit qu’il y a un bon débit d’eau et que ça va être dilué, mais la quantité est importante», explique M. Brien, invité au micro de Midi Actualité vendredi.
«Si un accident arrive avec un seul voyage de fumier, on va être mis à l’amende, on va être dénoncé. Tout cela se fait avec la bénédiction du ministre de l’Environnement.»
Michel Brien critique donc le double standard entre les secteurs agricole et municipal, malgré un taux de dilution minimal annoncé par la Ville de Sherbrooke de 99,9 %.
Selon ses calculs, le déversement qui se déroule depuis lundi matin équivaut aux rejets de 5000 à 6000 voyages de fumier.
«Ça ne fait pas plaisir»
La conseillère du district des Quatre-Saisons et présidente de la commission de l’environnement à la Ville de Sherbrooke, Joanie Bellerose, se désole de la situation, «Quand on entend des nouvelles comme ça, qu'on doive envoyer des tonnes de matière dans notre rivière, ça ne nous fait pas du tout plaisir», dit-elle.
«Nos infrastructures sont vieillissantes et on a besoin de les réparer ou de les mettre en bonnes conditions pour que ça arrive le moins possible. C'est ça le principe des égouts unitaires qui ont été développés dans le passé, qu'il faut aussi réaménager. C'est beaucoup de travail à faire. On ne développait pas d'une manière très environnementale dans le passé.»
Concernant l’impact environnemental de ce déversement, Mme Bellerose avoue que la Ville n’a pas beaucoup d'informations pour le moment. Par exemple, des questions ont été posées concernant la santé des poissons: «C'est cette réponse-là qu'on n'avait pas», mentionne-t-elle.
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