La classe politique québécoise est de nouveau ébranlée alors que de récentes candidatures municipales suscitent la controverse en raison des liens allégués de certains aspirants maires avec des groupes de motards criminalisés. Après le cas largement médiatisé d’Ethan Sylvain Vallée, associé aux Gitans, voilà qu’un autre candidat, Pascal «Paco» Bergeron, identifié comme sympathisant des Hells Angels et membre des Destroyers de Saint-Émilie-de-l’Énergie, veut lui aussi briguer la mairie de sa municipalité.
Face à cette situation délicate, la ministre des Affaires municipales Geneviève Guilbault a demandé un avis officiel au Directeur général des élections (DGE) et des recommandations pour encadrer de telles candidatures. Mais selon l’ex-ministre Rémi Trudel, professeur à l’ÉNAP, les pouvoirs du DGE et de la ministre sont limités. La loi ne permet pas d’interdire une candidature simplement en raison d’une affiliation perçue à un groupe, à moins qu’il ne soit officiellement reconnu comme criminalisé, et que des actes criminels soient démontrés.
«La personne est protégée par les chartes des droits du Québec et du Canada», a affirmé M. Trudel. «À moins de prouver l’existence d’un comportement criminel punissable par le Code criminel, la candidature est légale.»
L’affaire pourrait cependant évoluer si le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, décide de s’en saisir. C’est à lui que revient la responsabilité d’examiner si l’appartenance à un groupe constitue une infraction selon la loi antigang, laquelle permet d’intervenir lorsqu’un groupe est officiellement considéré comme une organisation criminelle.
Campagne municipale à Sherbrooke: enjeux variés et promesses locales
À Sherbrooke, la campagne électorale bat son plein avec plusieurs candidats à la mairie qui ont multiplié les annonces.
Guillaume Brien, chef de Vision Action Sherbrooke, a dévoilé sa vision pour l’ancienne église Sainte-Famille: un projet multifonctionnel comprenant bibliothèque, logements abordables, CPE et locaux communautaires, le tout sans que la ville conserve la propriété de l’actif. Il critique l’achat initial de l’église par l’ancienne administration, jugé précipité et mal planifié.
Raïs Kibonge, de Sherbrooke Citoyen, mise sur la protection de l’environnement. Il propose de renforcer la protection des ruisseaux et affluents des rivières locales, d’améliorer l’accès public aux cours d’eau, et d’installer des stations de nettoyage pour embarcations afin de lutter contre les espèces envahissantes.
Marie-Claude Bibeau, candidate indépendante, axe son discours sur le développement économique. Elle plaide pour un inventaire plus exhaustif des terrains industriels disponibles et souhaite des assouplissements au Plan Nature pour favoriser l’implantation d’entreprises. Forte de son expérience comme ex-ministre fédérale, elle veut aussi relancer les zones d’innovation à Sherbrooke et stimuler le quartier entrepreneurial.
Une campagne polarisée entre sécurité, développement et environnement
Entre débats sur la légitimité de certaines candidatures, enjeux environnementaux, et relance économique, les élections municipales 2025 au Québec, et particulièrement à Sherbrooke, promettent d’être hautement suivies. Reste à voir si les réformes promises au niveau provincial verront le jour à temps pour encadrer les élections futures.