Le gouvernement Legault rouvre un front sensible avec les centrales syndicales en remettant en question l’un des piliers du syndicalisme québécois: la formule Rand, en place depuis plus de 60 ans.
Dimanche, un front commun syndical s’est mobilisé pour dénoncer l’idée de cotisations syndicales facultatives, une proposition qui soulève à la fois des débats de fond et de principe.
L’enjeu? Permettre aux syndiqués de choisir s’ils veulent contribuer financièrement aux causes sociales défendues par leur syndicat, lorsqu’elles ne sont pas directement liées à leurs conditions de travail. Une nuance importante, qui pourrait pourtant ébranler l’unité du mouvement syndical. «On parle ici de millions de dollars utilisés parfois pour des causes idéologiques, comme la contestation de la loi 21 sur la laïcité, une loi pourtant appuyée par une majorité de Québécois», résume le chroniqueur politique Philippe Léger.
Ce dernier soulève un paradoxe de plus en plus visible soit la distance entre les chefs syndicaux, souvent engagés dans des luttes progressistes, et leurs membres, parfois plus modérés, voire conservateurs sur certains enjeux. Cette fracture se reflète notamment dans les urnes, où plusieurs travailleurs tournent le dos aux partis traditionnellement associés aux syndicats.
En toile de fond, la CAQ semble vouloir capitaliser sur ce décalage. «C’est politiquement payant pour le gouvernement Legault d’opposer les syndicats à la majorité silencieuse», analyse Philippe Léger. D’autant plus que certaines controverses, fonds de grève absents, dépenses en avocats ou voyages internationaux, alimentent la critique de gestion au sein des centrales.
Le projet reste flou, mais s’il se concrétise, il pourrait provoquer un véritable séisme juridique.