Les étudiantes et étudiants en médecine de l’Université de Sherbrooke ont voté en faveur d’un mandat de grève afin de défendre, selon eux, le système de santé québécois et les droits fondamentaux des futurs médecins.
À la suite d’un référendum tenu cette semaine, 65,8% des membres de l’Association générale étudiante en médecine de l’Université de Sherbrooke (AGÉMUS) ont appuyé ce mandat, sous réserve que celui-ci soit légalement applicable.
Le taux de participation a atteint 75,5%, indique un communiqué de presse.
Le mandat concerne les campus de Sherbrooke, Saguenay et Montérégie, et les modalités précises seront définies lors d’une Assemblée générale spéciale prévue dimanche.
Un geste symbolique contre la Loi 2
Bien qu’aucune grève ne soit encore déclenchée, l’AGÉMUS affirme que ce vote envoie un message clair, les étudiants refusent d’être, selon leurs mots, «les otages des fédérations médicales» et souhaitent plutôt «se tenir à leurs côtés» contre la Loi 2, récemment adoptée sous bâillon par le gouvernement du Québec.
L’association estime que cette loi instaure un climat de coercition, de surveillance et de centralisation dans le réseau de la santé, menaçant la liberté professionnelle des médecins et la qualité de la formation médicale. «En affaiblissant la formation et la marge de manœuvre des praticiens, ce sont les patients qui en subiront les conséquences», peut-on lire dans le communiqué.
Des inquiétudes pour les droits étudiants
L’AGÉMUS exprime également des préoccupations quant à certaines dispositions de la Loi 2, qui pourraient, selon elle, limiter la liberté d’expression et d’association des étudiantes et étudiants en médecine. L’association redoute que des sanctions puissent être imposées à des groupes ou à des individus pour avoir débattu d’enjeux liés à leur formation, ce qu’elle juge «inacceptable dans un milieu universitaire».
Appel au dialogue
L’association demande au gouvernement du Québec de suspendre la Loi 2 et de rouvrir le dialogue avec les fédérations médicales afin de rétablir un climat de confiance. «Il n’est pas trop tard pour reconstruire notre système de santé de concert avec ses artisans», conclut l’AGÉMUS.
L'avenir de l'enseigement
Invité à commenter, Jean-Simon Desrochers, président de l'Association générale étudiante de médecine de l'Université de Sherbrooke, s'inquiète pour l'avenir de l'enseigement.
«À Sherbrooke, il y a eu beaucoup de démissions de médecins qui ne nous enseigneront plus parce qu'ils ne voient pas comment ils vont pouvoir enseigner puis atteindre les objectifs en même temps. Donc, ça, c'est quelque chose qui nous inquiète beaucoup en tant qu'association d'étudiants. Il va avoir un gros impact de la loi 2 sur la formation à cause de ces modalités-là, ces objectifs-là.»
Écoutez l'entrevue accordée à l’animateur Jean-Sébastien Hammal.
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