Le témoignage très attendu de François Legault devant la commission Gallant a été marqué par un ton défensif et des réponses prudentes.
Le premier ministre a affirmé n’avoir pas été au courant des dépassements de coûts liés au projet de modernisation de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), tout en glissant subtilement la responsabilité sur ses ministres et les décisions prises avant l’arrivée de la CAQ au pouvoir.
«On sentait l’habileté du vieux routier», note Philippe Léger, chroniqueur politique à l'émission Que l'Estrie se lève, qui a analysé le témoignage avec l'animateur Jean-Sébastien Hammal.
Legault a navigué entre les lignes, blâmant à demi-mot la SAAQ, le Parti libéral et ses propres ministres, sans jamais nommer directement Geneviève Guilbault ou François Bonnardel. Une stratégie fine, mais qui pourrait avoir des conséquences internes.
Guilbault sur un siège éjectable?
Vice-première ministre et ministre des Transports, Geneviève Guilbault est au cœur des spéculations. Appréciée du public, mais moins de ses collègues selon certaines sources internes, elle pourrait difficilement accepter une rétrogradation. «Elle a du caractère et de l’ambition. Elle ne se laissera pas tasser sans réagir», souligne Philippe Léger.
Son avenir politique dépendra en partie du prochain remaniement ministériel, qui pourrait aussi devenir un signal clair de la succession à François Legault. Si Simon Jolin-Barrette héritait du titre de vice-premier ministre, ce serait un message fort sur l'après-Legault.
Northvolt: demi-milliard envolé, symbole d’un échec
Coïncidence ou stratégie politique, la CAQ a annoncé hier l’abandon du projet Northvolt au Québec, au moment même où Legault témoignait. Résultat : près de 500 millions de dollars d’argent public perdus. Le gouvernement tente de récupérer une partie de l’investissement, notamment via le terrain à Saint-Basile-le-Grand.
Pour Philippe Léger, il faut distinguer l’intention du gouvernement, créer une filière batterie intégrée, du résultat final. «C’était une tentative de corriger une erreur historique, celle d’avoir laissé filer l’industrie automobile vers l’Ontario dans les années 60.» Malgré la vision, l’exécution s’est heurtée à une conjoncture économique moins favorable et à des engagements risqués.
Il reproche toutefois au gouvernement Trudeau d’avoir annoncé ses subventions après que Québec ait pris les risques majeurs, ce qui a déséquilibré le partenariat.
Pablo Rodriguez en apprentissage
Enfin, le nouveau chef du PLQ, Pablo Rodriguez, a offert un premier point de presse qualifié de «difficile» à l’Assemblée nationale. Son message manquait de clarté, et il s’est même contredit sur la SAAQ, désavouant en partie son collègue Monsef Derraji. Sa transition du fédéral au provincial s’annonce ardue.
Écoutez la chronique de Philippe Léger tous les matins à 6h30.
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Comparution attendue de François Legault devant la commission Gallant