Ce qui aurait pu s’apparenter à une cérémonie solennelle en mémoire de l’influent militant conservateur Charlie Kirk a rapidement pris, hier, des allures de véritable rassemblement politique, à mi-chemin entre messe évangélique, meeting électoral et appel à la croisade contre la gauche radicale.
«C’était un mélange de politique, de religion et d’une guerre culturelle à peine voilée », observe le chroniqueur Philippe Léger. Réunis dans le gigantesque amphithéâtre de Glendale, quelque 60000 personnes ont assisté à cette cérémonie funéraire hors norme, alors que plus de 100000 autres se pressaient à l’extérieur.
Une ferveur religieuse qui inquiète
Ce qui a frappé, au-delà de l’ampleur du rassemblement, c’est la forte teinte religieuse de l’événement. Le culte de la personnalité autour de Kirk s’est confondu avec un nationalisme chrétien assumé, où la foi n’est plus cantonnée à la sphère privée, mais devient le socle même du discours politique.
«Pour nous, au Québec, où la religion est largement marginalisée dans l’espace public, ce spectacle est déroutant. Mais aux États-Unis, c’est non seulement courant, c’est revendiqué», rappelle M. Léger. L’expression «God bless America» conclut traditionnellement les discours politiques, et les dirigeants affichent publiquement leur foi.
Mais selon lui, le phénomène dépasse désormais les simples traditions protocolaires. «On est passé d’une présence symbolique de la religion à une volonté d’en faire l’armature morale de l’État. Ce qui s’est vu hier à Phoenix, c’est l’incarnation d’un nationalisme chrétien qui revendique une domination culturelle et politique.»
Un effet miroir jusqu’au Québec?
Jean-Sébastien Hammal a noté une tendance similaire, quoique plus discrète, ici même au Québec. Le retour du religieux chez certains jeunes, observé notamment sur les réseaux sociaux ou dans la fréquentation renouvelée de certaines églises.
«Est-ce qu’on assiste à un vrai mouvement? À un retour profond du religieux dans la société québécoise?», s’interroge Philippe Léger. «C’est difficile à dire. Mais ce que je constate, c’est que ce phénomène, qu’il soit marginal ou structurel, m’inquiète.»
Il évoque un «prosélytisme 2.0», souvent mené par de jeunes croyants sur TikTok ou Instagram, qui présente la foi comme une voie vers l’élévation spirituelle, mais aussi parfois comme une vérité absolue. «Ce n’est pas tant leur droit de croire qui m’inquiète, cette liberté est fondamentale, que l’utilisation politique de la foi », insiste-t-il.
Conflit israélo-palestinien: la reconnaissance de la Palestine, entre symbolique et réalité
Dans un autre dossier, Philippe Léger s’est également penché sur un développement diplomatique majeur : la reconnaissance de l’État palestinien par plusieurs puissances occidentales, dont le Canada, la France et le Royaume-Uni.
«La grande question: est-ce que ça change réellement quelque chose? », demande Jean-Sébastien Hammal.
La réponse de Philippe Léger est nuancée: «Oui et non.»
Un geste symbolique puissant, certes, qui exerce une pression morale et politique sur le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou, notamment pour freiner la colonisation en Cisjordanie et les frappes à l’extérieur du territoire israélien, dont certaines, en Iran ou au Qatar, ont soulevé des critiques même chez les alliés historiques d’Israël.
Mais dans les faits, la reconnaissance de la Palestine par des États occidentaux ne modifie pas la position de l’ONU, tant que les États-Unis opposeront leur droit de veto au Conseil de sécurité. Et surtout, l’obstacle majeur demeure, le refus du gouvernement israélien d’accepter la solution à deux États, combiné à la présence toujours active du Hamas à Gaza.
«Tant que le Hamas est en place, tant que Netanyahou refuse de négocier, le projet de paix reste un mirage», tranche Philippe Léger.
À écouter aussi:
La revue de presse de Paul Arcand:
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