Le dossier de la couleur de l'eau à Cookshire-Eaton retient l'attention en cette campagne électorale municipale. Derrière cet enjeu se cache toutefois une plus grande question : est-ce que les municipalités sont assez financées pour entretenir leurs infrastructures?
La réponse rapide du maire sorant de Cookshire-Eaton, Mario Gendron? Non. Selon lui, la Ville devrait augmenter considérablement les taxes des citoyens, à un niveau démesuré même, pour changer les conduites d'eau en fin de vie.
Mais changer ces conduites est une condition sine qua non à l'obtention d'une eau potable claire, non teintée. Dans les dernières années, des citoyens de Cookshire-Eaton ont du composer avec de l'eau jaune qui sortait de leurs robinets, un problème qui semble s'être accentué dans les derniers mois.
«Quand ce sont des conduites en fonte, les parois intérieures se désagrègent et ça se mélange à l'eau pour lui donner une teinte jaunâtre», explique M. Gendron, qui ne brigue pas un autre mandat.
Il appelle les autres paliers gouvernementaux à mieux financer les municipalités sur les questions des infrastructures souterraines. Cet appel fait écho aux propos tenus par un collectif d'une dizaine d'experts qui réclamait, dans La Presse la semaine dernière, de plus gros investissements des gouvernements pour les réseaux municipaux d'eau potable.
«Il faut interpeller les gouvernements. Les municipalités seules ne peuvent pas y arriver. On vient de faire une estimation pour la rue Principale à Cookshire et ça coûte 6700 dollars du mètre!», image M. Gendron.
En pleine campagne électorale, cette question fait jaser à Cookshire-Eaton, alors que la candidate au siège 6 Alicia Montminy en a fait l'enjeu principal de sa campagne.
«C'est important que quelqu'un s'y attaque, car, si on ne met pas de pression, rien ne va changer et l'eau va rester jaune», dit-elle.
Interpellé par le 107,7 Estrie, le cabinet de la ministre des Affaires municipales, Geneviève Guilbault, s'est défendu de ne pas investir assez.
«Au total, c’est 3,75 G$ sur la période de 2023-2033 que notre gouvernement a injectés et injectera pour soutenir les municipalités dans les infrastructures en eau. Aucun gouvernement n’a autant investi que le nôtre dans les infrastructures d’eau. On n’en serait pas là aujourd’hui si les précédents gouvernements avaient fait de nos infrastructures municipales une priorité. Il est aussi important de rappeler que c’est près de 6,3 G$ qu’on a transférés aux organismes municipaux l’an dernier, alors que c’étaient 2,4 G$ en 2014. On a lancé en 2021 un grand chantier avec le milieu municipal pour l’élaboration et la mise en œuvre de plan de gestion des actifs en eau sur 10 ans; les villes devront se doter d’un plan d’ici 2026. C’est un exercice essentiel que les villes doivent faire afin de connaître l’état des actifs, planifier la gestion à long terme et mieux prévoir la priorisation et les besoins de financement», mentionne le directeur des communications de Mme Guilbault, Jonathan Guay.
Autrement, il assure que Québec est «en négociation avec Ottawa sur une importante enveloppe prévue pour les infrastructures d’accueil (eau, aqueduc, égouts) pour de nouveaux projets de logements». M. Guay précise qu'il s'agit de «la priorité de la ministre».