Dans un contexte où la valeur des biens immobiliers semble grimper sans fin, la grande question demeure : les jeunes générations connaîtront-elles la même hausse de valeur que leurs parents?
C'est au cœur de cette interrogation que Jean-François Bérubé a réuni deux figures influentes de l'immobilier au Québec, Georges Bardagi et Jean-Sébastien Boisseau, dans l'émission Les dessous de l'immobilier en Estrie.
Trois prochaines années: stabilité ou progression ?
Les panélistes se sont d'abord penchés sur les perspectives à court terme, tentant de déchiffrer l'avenir du marché estrien. Georges Bardagi estime que la projection pour les trois prochaines années devrait être relativement stable, avec une augmentation probable des maisons "au prix de l'inflation". Il pointe du doigt l'impact potentiel d'une récession ou d'une hausse importante du chômage, qui pourrait affecter deux des cinq moteurs du marché : le taux de chômage et la confiance.
Jean-Sébastien Boisseau partage cette vision d'une "certaine stabilité" concernant le taux d'intérêt, mais entrevoit un potentiel de croissance à long terme pour le Québec. Il rappelle l'exemple de ses parents, qui ont acheté en 1973 à 28000 $une propriété qu'il a revendue plus tard à 750000$. Il suggère que le Québec est encore en mode rattrapage par rapport à des marchés comme Vancouver ou Toronto.
Le casse-tête du logement et la loi sur les condos
La discussion a aussi mis en lumière les défis réglementaires, notamment l'impact de l'interdiction aux investisseurs étrangers (en vigueur jusqu'en 2027) et la nouvelle réglementation sur les copropriétés (en vigueur depuis le 14 août). Georges Bardagi considère l'interdiction comme une loi nécessaire pour préserver l'accessibilité des Canadiens au logement, bien qu'il remette en question sa généralisation hors des centres-villes.
Concernant les copropriétés, l'entrée en vigueur de la loi exigeant une attestation du syndicat des copropriétaires pour prévoir les travaux à venir est vue par Bardagi comme une bonne chose à long terme. Le but est d'éviter les "cotisations spéciales" et les faillites de copropriétés, même si cela crée des frictions à court terme en matière de coûts et d'arrimage. Boisseau et Bérubé soulignent le risque de refus de financement si le fonds de prévoyance est jugé trop bas.
L'entrepreneuriat et l'accès à la propriété
Abordant le thème de l'accessibilité pour les jeunes, les experts ont débattu de la nécessité d'une éducation financière plus solide. Georges Bardagi, dont les deux filles sont propriétaires de "propriétés modestes", soutient que l'hypothèque est la "meilleure éducation financière". Jean-François Bérubé a soulevé le point que l'accès à la propriété est devenu un "privilège". Malgré les difficultés, la démographie joue en faveur de l'immobilier à long terme, selon Bardagi : "je vois pas comment à long terme, l'immobilier peut reculer".
Prédictions pour 2026
En Estrie, la forte migration interrégionale (environ 10000 nouveaux arrivants par année dans la région de Sherbrooke-Magog) et les contraintes de développement liées à la protection des plans d'eau et des forêts maintiennent une forte pression sur la demande.
- Jean-Sébastien Boisseau: Prévoit que 2026 sera "quand même assez stable".
- Georges Bardagi: Anticipe une relative stabilité des prix.
- Jean-François Bérubé: En raison de la migration et de la limitation du développement, il risque "d'être entre huit et 10%" d'augmentation pour l'Estrie.
Pour entendre l'intégralité de cet entretien captivant et tous les détails sur les prédictions des experts, ne manquez pas de l'écouter!