Lorsqu’une dette devient urgente, la tentation de piger dans ses REER peut sembler être une solution rapide. Après tout, cet argent nous appartient. Mais selon Marc-André Houle, syndic autorisé en insolvabilité chez Houle Huot Syndic Autorisé, cette décision entraîne souvent plus de problèmes qu’elle n’en règle.
«C’est sûr que c’est ton argent, tu as le droit d’y toucher, mais les conséquences fiscales sont majeures», prévient M. Houle. «Si tu retires 10000$, il t’en reste peut-être 5000$ après impôt.»
Des impacts fiscaux sous-estimés
Les institutions financières retiennent automatiquement une partie du montant lors d’un retrait, mais ce prélèvement n’est pas toujours suffisant.
«L’institution ne connaît pas ta tranche d’imposition. Tu risques d’avoir une facture d’impôt supplémentaire au printemps», explique Marc-André Houle.
Et les répercussions ne s’arrêtent pas là! En augmentant son revenu imposable, on peut perdre des crédits d’impôt ou des allocations familiales, ce qui rend l’opération encore plus coûteuse.
«Tu peux te retrouver à payer 45% d’impôt sur ton retrait, tout en sacrifiant tes avantages fiscaux pour l’année suivante», ajoute le syndic de chez Houle Huot Syndic Autorisé.
Sacrifier sa retraite pour éteindre un feu temporaire
Au-delà des conséquences fiscales, retirer des REER, c’est aussi miner son avenir financier.
«Chaque dollar retiré aujourd’hui, c’est des milliers de dollars de moins à la retraite à cause de l’intérêt composé.» Et souvent, cet argent ne règle même pas la totalité du problème.
«Les gens sortent leur REER pour éteindre un feu, comme une saisie de compte ou une dette urgente, mais l’année suivante, ils reviennent me voir avec une nouvelle cotisation d’impôt.»
Des protections souvent méconnues
Peu de gens le savent, les REER sont insaisissables dans le cadre d’une procédure d’insolvabilité.
«Quand on se place sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, les REER sont protégés», explique M. Houle. «Sauf les cotisations des douze derniers mois, tout le reste est à l’abri.»
Cette protection ne s’applique toutefois pas aux CELI, qui peuvent encore être saisis dans certaines circonstances.
Pour Marc-André Houle, retirer ses REER ne devrait jamais être la première option.
«C’est un pansement coûteux sur une plaie ouverte.»
Les solutions comme la proposition de consommateur ou la restructuration de dettes permettent souvent de régler le problème sans toucher à l’épargne retraite.
«Plus on consulte tôt, plus on a d’options », rappelle-t-il. « Il vaut mieux demander de l’aide avant de compromettre des années d’efforts.»
Une réalité qui touche tout le monde
Le syndic souligne que même les professionnels à haut revenu peuvent se retrouver dans cette situation. Il cite notamment le cas d’un médecin qui, après le décès de sa conjointe, a perdu le fil de ses finances et utilisé ses REER pour rembourser des dettes fiscales: «Il a payé une vieille dette, mais s’est créé une nouvelle facture d’impôt l’année suivante. Il s’est retrouvé dans le même cercle.»
Retirer ses REER pour payer des dettes peut sembler une solution simple, mais c’est souvent le choix le plus coûteux. Avant de poser ce geste, mieux vaut consulter un professionnel qui saura proposer une stratégie durable et protéger à la fois vos finances actuelles et votre retraite.