Alors que Sherbrooke entre en campagne municipale, une thématique s’impose discrètement mais sûrement : l’intelligence artificielle (IA). Plus qu’un simple buzz technologique, elle pourrait transformer le fonctionnement quotidien de l’administration municipale. Mais qu’en pensent les candidats à la mairie? Entre promesses d’efficacité, prudence réglementaire et préoccupations éthiques, les visions divergent… un peu.
Plusieurs villes du Québec ont déjà intégré l’IA dans leurs services : Montréal utilise une plateforme automatisée pour délivrer des permis de piscine, Longueuil emploie un système intelligent pour doser ses abrasifs en période hivernale, et Sainte-Julie cartographie ses arbres de manière numérique. À Sherbrooke, l’innovation est amorcée, mais reste timide.
Marie-Claude Bibeau, ex-ministre et candidate indépendante, voit l’IA comme un outil pour « penser en dehors de la boîte » et améliorer des processus lourds, comme le traitement des demandes d’accès à l’information. Elle souhaite rassembler des esprits innovants autour de la table municipale.
Guillaume Brien, chef de Vision Action Sherbrooke, veut tirer profit de l’IA pour accélérer l’émission de permis de construction et alléger la lourdeur administrative. Il évoque aussi un enjeu de transfert de savoir : « Quand quelqu’un qui connaît les règlements par cœur part à la retraite, il faut compenser par une forme d’intelligence collective ou assistée. »
Vincent Boutin insiste sur le soutien aux employés municipaux, notamment pour la rédaction de documents ou l’analyse des données. Pour lui, l’IA est un levier de performance, à condition de bien encadrer la sécurité des données. « C’est un outil, mais il faut éviter les dérives », rappelle-t-il en citant Yoshua Bengio.
Rais Kibonge, chef de Sherbrooke Citoyen, considère l’IA comme un levier stratégique à intégrer dans les négociations syndicales à venir. « Elle peut réduire les délais, améliorer les services et optimiser la prise de décision, mais il faut l’aborder sans crainte et avec responsabilité », dit-il, soulignant l’importance de préserver les emplois tout en modernisant l’administration.
Entre gain d’efficacité, modernisation des services et respect des conventions collectives, l’intelligence artificielle s’invite dans le débat électoral. Reste à voir si Sherbrooke passera du discours à l’action, et à quel rythme. L’avenir numérique de la ville est peut-être déjà en train de s’écrire... une ligne de code à la fois.
Écoutez le dossier du journaliste Jean-François Desaulniers.