Il est rare de voir tous les candidats à la mairie s’entendre sur un projet d’envergure. Et pourtant, à Sherbrooke, ils sont unanimes : il faut aller de l’avant avec l’installation des compteurs intelligents chez les abonnés d’Hydro-Sherbrooke, une dépense estimée à au moins 50 millions de dollars.
Mais malgré cette volonté politique, aucun financement n’est encore en place, ni du côté de la Ville, ni du gouvernement provincial ou d’autres partenaires. Hydro-Sherbrooke, de son côté, n’est pas encore prête à déployer la technologie Hilo d’Hydro-Québec, ces thermostats intelligents qui permettraient aux citoyens de réduire leurs factures d’électricité. Et pour cause : ces thermostats ne sont compatibles qu’avec les compteurs intelligents, absents pour l’instant dans la majorité des foyers desservis par la régie municipale.
Un projet coûteux, mais stratégique
Pour la candidate indépendante Marie-Claude Bibeau, la solution passe par une négociation constructive avec Hydro-Québec. Elle mise sur le rôle de Sherbrooke à la présidence de l’Association des distributeurs d’électricité du Québec pour défendre les intérêts des dix villes encore propriétaires de leur réseau.
«On a tous les arguments pour convaincre Hydro-Québec qu’il est dans leur intérêt d’ouvrir Hilo à nos citoyens», affirme-t-elle.
Une orientation claire à Hydro-Sherbrooke
Le chef de Sherbrooke Citoyen, Raïs Kibonge, adopte une posture plus méthodique. Il estime qu’il revient d’abord à la Ville de donner une orientation claire à Hydro-Sherbrooke pour évaluer la faisabilité d’un tel programme.
«On doit gouverner avec prévisibilité, pas sur un coup de tête», dit-il.
Les entreprises aussi en profiteraient
L’indépendant Vincent Boutin, lui, va plus loin : il considère que cet investissement dans la modernisation du réseau serait aussi un moteur économique, notamment pour les entreprises en nouvelles technologies, en cryptomonnaie ou dans les centres de données.
«Hydro Sherbrooke, ce n’est pas juste une machine à revenus. C’est un outil de développement», insiste-t-il.
Éviter les frais imprévus
Même son de cloche du côté de Guillaume Brien, chef de Vision Action Sherbrooke, qui rappelle qu’en période de pointe, Hydro-Sherbrooke doit déjà acheter de l’énergie à Hydro-Québec. En ce sens, l’implantation de compteurs et de thermostats intelligents serait une solution logique pour mieux gérer la demande et éviter des frais imprévus pour la Ville et ses citoyens.
«J’ai déjà participé à des projets de conversion énergétique à grande échelle», affirme-t-il, citant son expérience dans le domaine immobilier et énergétique. Il se dit prêt à jouer un rôle de facilitateur entre Hydro Sherbrooke et Hydro-Québec.
Technologie en attente, citoyens en suspens
En résumé, la technologie Hilo n’est pas encore accessible aux Sherbrookois, non pas par manque d’intérêt, mais par absence d’infrastructure de base. Les compteurs intelligents sont la pièce manquante du casse-tête, et les élus semblent vouloir la trouver... reste à savoir qui paiera la facture.
D’ici là, les citoyens de Sherbrooke demeurent privés d’un outil qui leur permettrait de mieux contrôler leur consommation et leurs dépenses.