Alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) vient d'autoriser le recrutement de 36 nouveaux médecins de famille en Estrie pour 2026, le CIUSSS de l'Estrie-CHUS n'est pas encore parvenu à conclure son recrutement 2025. Toujours à la recherche de quatre omnipraticiens pour atteindre son quota d'embauche de la dernière année, le CIUSSS régional traîne de la patte dans la couverture médicale de ses résidents.
Chaque année, le MSSS donne à chaque région ses plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM). Ces PREM viennent dire aux régions le nombre de médecins qu'elles ont le droit de recruter en les séparant dans certaines catégories, dont ceux nouveaux facturants, qui sortent de l'école, et ceux qui pratiquent déjà dans d'autres régions.
Le 107,7 Estrie a pu confirmer que, pour l'année 2026, le CIUSSS pourra recruter 36 nouveaux médecins de famille. Bon an, mal an, ce nombre tourne autour de 35 à 40 médecins. En 2024, par exemple, le PREM avait octroyé 36 nouveaux médecins de famille à l'Estrie, contre 39 en 2025.
Le problème, c'est que le CIUSSS n'a pas réussi encore à combler son recrutement de l'année 2025. Autrement dit, on prend du retard sur l'arrivée de nouveaux médecins en région : on se prépare à aller chercher 36 nouveaux omnipraticiens, mais on doit toujours combler quatre postes du recrutement 2025.
Le CIUSSS de l'Estrie-CHUS a refusé notre demande d'entrevue. Impossible, donc, de connaître les raisons derrière le manque à gagner pour le PREM 2025 en Estrie. Selon le médecin omnipraticien sherbrookois Benoît Heppell, un nombre moins important de résidents en médecine de famille combiné aux activités de plus en plus nombreuses que les omnipraticiens doivent réaliser expliquent cette situation.
«On a un nombre limité de médecins et on a besoin de combler beaucoup de choses. On a de grandes salles d'urgence à Sherbrooke, beaucoup de lits de CHSLD et une prison : tout ça nécessite des médecins. Ces activités particulières sont nombreuses à Sherbrooke, de telle sorte que la prise en charge passe après», dit-il.
Dans ce contexte, le nombre de quatre médecins à recruter peut sembler petit, mais à 500 ou 1000 patients de pris en charge pour chaque médecin, cela pourrait changer la donne en région, selon lui.
Nos besoins sont beaucoup en prise en charge. Il y a près de 40 000 patients sur le Guichet d'accès à Sherbrooke seulement. Trois ou quatre médecins de plus qui arriveraient et qui feraient de la prise en charge, même partielle, ça ferait une différence.
En Estrie, 79,7% des résidents sont attitrés à un médecin de famille ou à un professionnel, ou un groupe de professionnels, de première ligne. C'est 4% de moins que la moyenne provinciale et 3% de moins que le CIUSSS de la Mauricie-Centre-du-Québec, voisin de l'Estrie et de taille similaire.
Selon les dernières données, 361 426 estriens sont inscrits à un médecin de famille, un chiffre en baisse dans les derniers mois. Les personnes inscrites à un GMF se chiffrent à 49 415, en hausse dans les derniers mois, et 826 personnes sont inscrites à une super infirmière. La région compte plus de 515 000 habitants.
Écoutez le dossier d'Anthony Ouellet.
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