Dominique Dorion, Michel Bureau, Réjean Hébert et Pierre Cossette, tous d'ex-dirigeants de la Faculté de médecine ou de l’Université de Sherbrooke, font partie d’un collectif qui prend position en faveur du Collège des médecins du Québec.
Écoutez l'entrevue accordée par le Dr Dominique Dorion à l'animateur Jean-Sébastien Hammal.
Dans une lettre d’appui transmise au président de l’Ordre et à son conseil d’administration, ils réaffirment, avec d'autres ex-doyens, que la mission première du Collège est de protéger le public, notamment en garantissant la qualité de la formation médicale.
Un blâme qui soulève un débat de fond
Cette déclaration publique fait suite au blâme adressé récemment au président du Collège lors d’une assemblée générale extraordinaire. Ce blâme était lié à sa prise de position contre la suspension de l’enseignement médical, dans le contexte du conflit opposant les fédérations médicales au gouvernement autour du projet de loi 106.
Dominique Dorion, Michel Bureau (ancien doyen de la Faculté de médecine), Réjean Hébert (ex-ministre de la Santé) et Pierre Cossette (ancien recteur de l’Université de Sherbrooke) s’unissent pour affirmer clairement que le Collège des médecins a agi dans l’intérêt public en soulignant que l’interruption de l’enseignement médical met en péril la formation de la relève.
Les signataires soutiennent que le président a agi conformément à l’article 13 du Code de déontologie, qui interdit toute action concertée mettant en danger la santé ou la sécurité de la population. Ils saluent son courage d’avoir assumé la mission fondamentale de l’Ordre, soit la protection du public au-delà des intérêts corporatistes.
«La contribution exceptionnelle de nos collègues enseignants et cliniciens mérite d’être saluée. Mais cette reconnaissance ne doit pas faire oublier que l’enseignement médical constitue aussi un devoir professionnel», écrivent-ils.
Un message clair: ne pas affaiblir le Collège
Les anciens doyens insistent sur l’importance du rôle du Collège dans le système de santé québécois : définir les normes de formation, agréer les facultés, assurer la compétence continue des médecins et traiter les plaintes du public avec rigueur.
À leurs yeux, affaiblir l’indépendance de cet organisme reviendrait à diminuer la valeur du diplôme médical québécois, à nuire à la qualité de la médecine et à miner la confiance du public.
«Nous rappelons l’importance de la mission académique dans l’ensemble du réseau. Cette mission est essentielle à la formation de la relève et au développement de pratiques de pointe, qui contribuent directement à la qualité des soins», affirment-ils.
Appel à Jean Boulet
Le collectif interpelle aussi le ministre du Travail, Jean Boulet, responsable des lois professionnelles. Il l’invite à prendre des mesures pour préserver l’indépendance des ordres professionnels face aux tensions politiques et syndicales.
«Les ordres ne doivent jamais devenir des instruments dans la dynamique des rapports de force entre l’État et les syndicats. Leur indépendance est essentielle pour maintenir la qualité des soins et la confiance du public», notent-ils.